J’ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon

Après avoir livré un film d’action d’une sacrée classe où des tueurs à gages s’affrontaient pour trouver un même trésor et qui, en même temps, nous livrait un film jouissif de bout en bout, totalement maîtrisé tant sur la mise en scène que sur le rythme (2H10 de bonheur tout simplement), l’un des meilleurs réalisateurs sud-coréens revient pour prouver au monde qu’il n’y a pas que les Américains qui peuvent livrer des vigilante movies couillus. Ce qui risque fort d’en laisser plus d’un sur le cul. Non pas que les Coréens se révèlent être meilleurs que les Américains car ils leur manquent encore quelques classiques face à des films aussi cultes que Se7en, qui avait su insuffler un vent nouveau au thriller, mais, malgré tout, avec J’ai rencontré le diable, la barre installée par Kim Jee-Woon risque d’être très compliquée à dépasser tant son film s’impose comme un classique instantané qui a su piocher des idées à travers de nombreux films de genre mais aussi parce que son film est un spectacle de 2H20 qui sonne comme un uppercut.

Sans sacrifier son histoire à sa mise en scène démentielle et ultra-maîtrisée, Kim Jee-Woon parcourt l’histoire d’un flic, venant de perdre sa fiancée suite à son massacre par un tueur fou, avec énormément d’humanité mais aussi avec beaucoup de barbarie. Si l’histoire jusque-là peut vous paraître banal et laisse présager un condensé de clichés à l’américaine, la suite est une sorte de jeu entre un chat et sa souris, brutal mais jouissif comme pas possible, qui montre à la fois combien l’homme peut pousser ses désirs de vengeance les plus extrêmes jusqu’à leur aboutissement mais aussi combien l’homme peut faire preuve d’une telle cruauté face à l’infinie tristesse du monde. Mais heureusement, cette marche funèbre, fait preuve d’un lyrisme accru grâce à une mise en scène honorable où le réalisateur ne lésine pas sur les longs plans-séquence pour rendre la tension encore plus forte et mettre le spectateur dans un tel malaise qu’il s’accroche finalement à son siège pour ne plus le lâcher. Si cette tension est l’un des outils les plus importants du réalisateur pour ne pas tomber dans le thriller morbide et sans aucun véritable intérêt, le réalisateur signe quelques séquences magnifiques, certes parfois vaines face au scénario, mais au final que révèle véritablement J’ai rencontré le diable : que le cinéma ultra-violent peut se révéler à la fois jouissif et montrer une certaine sensibilité à travers les regards désemparés de ces personnages, se révélant être des anti-héros d’un genre ultra-codifié qu’est celui du thriller.

Si la scène finale clôturant dans des larmes ce petit bijou avec le héros marchant seul sur une route où les cris d’horreur et la soif de justice se confondent,  cela prouve avant tout au combien le talent de Kim Jee-Woon est grand, et que J’ai rencontré le diable n’est au final que la suite logique d’un début de carrière sensationnel d’un futur grand du cinéma sud-coréen et rien que pour cela, J’ai rencontré le diable sonne à la fois comme une claque émotionnelle et une claque visuelle. On appelle cela un grand film mes amis, un putain de grand film !

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